La Source est sans pourquoi
La beauté du monde est l'orifice du labyrinthe. L'imprudent qui, étant entré, fait quelques pas est après quelque temps hors d'état de retrouver l'orifice. Epuisé, sans rien à manger, ni à boire, dans les ténèbres, séparé de ses proches, de tout ce qu'il aime, de tout ce qu'il connaît, il marche sans rien savoir, sans espérance, incapable même de se rendre compte s'il marche vraiment où s'il tourne sur place. Mais ce malheur n'est rien auprès du danger qui le menace. Car s'il ne perd pas courage s'il continue à marcher, il est tout à fait sûr qu'il arrivera finalement au centre du labyrinthe. Et là, Dieu, l'attend pour le manger. Plus tard il ressortira, mais changé, devenu autre, ayant été mangé et digeré par Dieu. Il se tiendra alors près de l'orifice pour y pousser ceux qui s'approchent.
Simone Weil : attente de Dieu.