Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux Amants de la truie
Aux Amants de la truie
Publicité
Archives
Aux Amants de la truie
8 juillet 2008

B comme :

41XZ9CTEAPLBataille, Georges (1897-1962) : Si je devais décrire la fascination qu'exerce sur moi Georges Bataille et son œuvre -et je cherche en effet à la mettre en mot depuis quinze jours- peut-être devrais-je parlé tout d'abord de la fascination qu'exerce sur moi son regard, notamment sur la photographie en couverture du Bataille par lui même, de Alain Arnaud et Gisèle Excoffon-lafarge dans la collection écrivains de toujours aux éditions du Seuil. Le premier livre que j'ai lu sur lui. Je ne crois pas avoir totalement compris le sens de cet ouvrage à l'époque, pas plus que je n'ai saisis l'importance cruciale qu'aurait pour moi la lecture de l'expérience intérieure, quelques mois après. C'est peut-être ce qu'il y a de plus étrange dans notre relation, entre Georges et moi -je ne l'ai pas toujours considéré comme une influence directe, ni pu mesurer les résonances de son propos sur la vie, faute de pouvoir me l'exprimer de manière claire. Pourtant il m'accompagne tout le temps de manière indirecte et je ne cesse d'y revenir à chaque fois.

La fascination pour un regard donc, un regard d'ange où brille l'étrange étincelle. d'un visage calme et posé derrière lequel se cache un écrivain des plus radicaux. L'auteur de deux des livres qui m'ont le plus remué -Le Coupable et Madame Edwarda. De  ce poème lu en marge du livre cité au début qui a été pour moi une révélation.

Je te trouve dans l'étoile
Je te trouve dans la mort
Tu es le gel de ma bouche
Tu as l'odeur d'une morte

Tes seins s'ouvrent comme la bière
Et me rient de l'au-delà
Tes deux longues cuisses délirent
Ton ventre est nu comme un râle

Tu es belle comme la peur
Tu es folle comme une morte

Ainsi mon attirance pour le corps de la femme recelait un secret bien gardé. Elle était plus que la simple satisfaction de pulsions sexuelles frénétiques devant des films pornographiques lors de mes heures perdues. Plus que la projection de mes espérances dans de futurs enfants. Que ce secret dont le vrai nom est peut-être Amor, il me faudrait le découvrir par moi-même malgré la misère organisée dans laquelle la société nous plonge. Mais qu'importe puisque à seize ans j'avais émergé définitivement de l'univers fade et honnête.

Depuis cette rencontre, je collectionne tout ce que je trouve de et sur Georges Bataille, même si les moyens financiers me manque encore pour pouvoir acquérir des éditions rares -j'irais je l'espère au bout de ma manie. J'ai une plus grande proximité avec son œuvre littéraire que théorique excepté l'expérience intérieure -je ne peux d'ailleurs calculer le nombre de fois où j'ai relu l'histoire de L'Oeil ou l'Alleluiah- sa profondeur et sa portée restant inégalée et inégalable.

Nous n'avons pas l'habitude d'en tenir compte, si nous réfléchissons, si nous parlons, mais la mort nous interrompra. Je n'aurais pas toujours à poursuivre l'asservissante recherche du vrai. Toute question restera finalement sans réponse, et je me déroberai de telle façon que j'imposerai silence. Si d'autres reprennent la besogne, ils n'achèveront pas davantage et la mort comme à moi leur coupera la parole.


Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité