A comme :
Alcools : recueil de poèmes publié par Guillaume Apollinaire en 1913 au Mercure de France. Ce doit être l'un des tout premier recueil de poésie que j'ai acquis et pendant longtemps, il a trôné aux premiers rangs de ma bibliothèque. C'est à mon sens une raison suffisante pour qu'il est sa place ici.
Je ne suis pas forcément un grand amateur d'Apollinaire. En dehors d'Alcools et des Onzes milles verges que je lisais sous la table durant mes cours de Français en troisième, je n'ai que très peu parcouru le reste de son œuvre. Les préférences ont leurs mystères, je ne sais pas pourquoi ses autres recueils ne m'ont jamais inspirés.
Alcools en lui-même est un recueil que je trouve très inégal -peut-être par ce qu'il se situe dans cette zone située à mi-chemin entre le monde ancien et la modernité- mais la seule présence de pièces comme Zone, Vendémiaire, La maison des morts, Chantre ou L'adieu rachète à mes yeux la présence de poèmes qui me touchent moins. En matière de poésie j'ai souvent constaté que pour beaucoup de textes la séduction n'est pas immédiate, les poèmes vous résistent, la magie n'a pas lieu.
Mais de lectures en lectures, un processus commence à s'opérer en silence et sans vous en rendre compte vous vous mettez à fredonner -A la fin tu es las de ce monde ancien- en marchant dans la rue, à rêvasser en pensant aux christs inférieurs des obscures espérances. A vous prendre pour le gosier de Paris et à appeler à vous tout les vins de l'univers. L'alchimie a eu lieu, votre cœur c'est affranchi de ses barrières. Peu importe si le sens vous résiste encore, vous êtes conquis.
Antonin Artaud : Ou l'histoire d'un rendez-vous finalement manqué. Je l'ai découvert il y a dix ans -dans le même ouvrage que Georges Bataille- par un mercredi pluvieux où plutôt que de prolonger le supplice de quelque exercice de mathématiques je filais comme souvent à la bibliothèque municipale me perdre dans le rayonnages. En ouvrant le Découverte Gallimard sur Van Gogh, je tombais sur des extraits de Van gogh ou le suicidé de la société. Fasciné par les quelques lignes que j'avais sous les yeux, j'entamais ma quête bibliographique à propos de cet étrange écrivain qui parlait une langue qui semblait me correspondre.
Soyons honnête j'ai beaucoup aimé la lecture du Théâtre et son double. Je ne peux nier l'influence qu'a eu sur moi le Pèse-nerfs (notamment le chapitre l'art et la mort, le poème Qui au sein...) ou son adaptation du Moine de Lewis. Pourtant les années passants, une grande partie de son œuvre ne m'évoque plus rien -peut-être parce que je ne suis pas ou plus un écorché vif- peut-être parce qu'une certaine élite petit-bourgeoise à trop souvent le mauvais goût de cacher sa misère intellectuelle derrière l'image d'Épinal de l'écrivain-fou, du révolté ? Toujours est-il que je ne suis plus envoûté comme avant par sa poésie à laquelle je préfère dans sa radicalité celle de Roger-Gilbert Lecomte. De même ma dernière tentative de relecture d'Héliogabale c'est soldée par un échec cuisant -illisible- et je reste sur l'impression qu'un fil c'est définitivement rompu.