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Aux Amants de la truie
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Aux Amants de la truie
21 mai 2008

Les Ombres errantes

In omnibus requiem quaesivi et nusquam inveni nisi in angulo cum libro. (J'ai cherché dans tout l'univers le repos et je ne l'ai trouvé nulle part ailleurs que dans un coin avec un livre.)

*

Le refus de l'appartenance sociale fut condamnable aux yeux de tous les groupes humains. Cette condamnation est le fond de chaque mythe. Comme la passion amoureuse l'échange codifié et hiérarchisé entre les membres du groupe pour assurer sa reproduction.
Homère disait : Un individu apolis est une guerre civile.
Le vieil aède entend par là que tout homme sans cité est une graine de guerre civile.
Hérodote a écrit : Aucun individu humain isolé ne peut se suffire.
Mot à mot : Ne peut être autarkes.
La Bible dit : Malheur à l'homme seul ! Un homme seul est un homme mort.
Mais c'est faux. C'est toujours ce que la société dit. Dans toute la littérature orale le narrateur est la société. Tous les mythes déclarent partout sur terre : Il n'y a pas d'amour heureux, afin de préserver les échanges de clan à clan et les alliances généalogiques.
Car il y eut des amants interdits qui connurent le bonheur.
Car il y eut des hommes seuls, des ermites, des errants, des périphériques, des chamans, des centrifuges, des solitaires qui furent les plus heureux des êtres.

*

Après s'être présenté, Wen Bigu murmure à Xen Qing :

-Quand je suis las parfois d'errer dans la forêt des pinceaux et parmi les ruisselets des encres, je pose le chapeau carré, je quitte l'odeur des vieux livres. Ma main s'insinue sous le pantalon de soie. Je ferme les yeux. Les larmes du dieu jaillissent. J'approche mes narines. Voilà la vie que je mène.

Pascal Quignard.

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Commentaires
E
La solitude est pleines de nuances parfois difficiles à décrypter.<br /> <br /> Etre seul, jusqu'à quand est-ce la vérité ?<br /> C'est je trouve une interrogation très juste.<br /> <br /> A l'origine j'ai posté ces extraits de Quignard pour rendre hommage à une après-midi passée en compagnie d'un nouvel ami inconnu.<br /> <br /> Ce livre m'a rappelé ma première année de travail. A l'époque j'avais finis de faire le tri de mes amis et je vivais un peu comme un moine paresseux.<br /> Je devais lire entre huit heures et dix heures par jour ou par nuit suivant mes emplois du temps. Ce qui constitue un bon moyen de se désintoxiquer de la réalité.<br /> <br /> De cette année je garde le souvenir ému de toute ces rencontres que la solitude m'a offerte de ces nuit passées entre la guerre et la paix ou la crucifixion rose. <br /> Toutefois la sécheresse et la lassitude m'ont aussi très vite guettées. Peut-être est-ce d'ailleurs cela le démon de l'acédie ?<br /> <br /> A force de rester seul avec soi-même j'ai l'impression que l'on finit par ne plus se reconnaître et savoir qui l'on est vraiment. <br /> <br /> D'où la nécessité de laisser une porte ouverte, pour pouvoir dialoguer ne serais-ce que virtuellement.
I
C'est un sujet ardu, je trouve. Il y a de vraies et de fausses solitudes. Je suis toujours en recherche de la limite entre les 2, à cause de ma propre complexion et je me demande : " Etre seul, jusqu'à quand est-ce une vérité ?". <br /> Je crois que les sages cités ici ont raison : la vraie solitude est synonyme de dangerosité. Avant cette limite, il ne peut y avoir que de fausses solitudes...
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