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Aux Amants de la truie
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Aux Amants de la truie
21 novembre 2007

L'Alleluiah

  balthus_therese_revant_1938

  Tu dois savoir en premier lieu que chaque chose ayant une figure manifeste en possède encore une cachée. Ton visage est noble : il a la vérité des yeux dans lesquels tu saisis le monde. Mais tes parties velues, sous ta robe, n'ont pas moins de vérité que ta bouche. Ces parties, secrètement, s'ouvrent à l'ordure. Sans elles, sans la honte liée à leur emploi, la vérité qu'ordonne tes yeux serait avare.

  Tes yeux s'ouvrent sur les étoiles et tes parties velues s'ouvrent sur... Ce globe immense où tu t'accroupis se hérisse dans la nuit de sombres et hautes montagnes. Très haut sur les crêtes neigeuses est suspendue la transparence étoilée du ciel. Mais d'une crête à l'autre demeurent béants des abîmes où parfois la chute d'une roche se répercute : le fond clair de ces gouffres est le ciel austral, dont l'éclat répond à l'obscurité de la nuit boréale. De même la misère des sentines humaines un jour sera pour toi l'annonce de joies fulgurantes.

   Il est temps qu'en chaque chose connue de toi, ta folie sache apercevoir l'envers. Temps pour toi d'inverser au fond de ton être une image insipide et triste du monde. Je te voudrais déjà perdue dans ces abîmes où d'horreur en horreur tu entreras dans la vérité. Un fleuve fétide a sa naissance au creux le plus doux de ton corps. Tu t'évites toi-même, t'éloignant de cette immondice. Suivant au contraire un instant le triste sillage, ta nuditée lâchée s'ouvre aux douceurs de la chair.

Georges Bataille,

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